- BOURRACHE
- BOURRACHEBOURRACHEVraisemblablement introduite d’Afrique du Nord en Espagne par les Arabes et, de là, répandue dans la plus grande partie de l’Europe, la bourrache (Borrago officinalis L.; borraginacées) était inconnue des Anciens. Elle apparaît dans la matière médicale au Moyen Âge. Au XIIIe siècle, Arnaud de Villeneuve assure qu’elle guérit la gale et la mélancolie, qu’elle fortifie le cœur, le foie et qu’elle purifie le sang. Cette dernière indication, reprise au XVIe siècle par Jean Bauhin, laisse pressentir des propriétés dépuratives qui seront affirmées sans ambages par dom Nicolas Alexandre, en 1751: «Elle réjouit les esprits vitaux et animaux infectés par la bile noire.» Dans les campagnes, la bourrache est restée jusqu’à ces dernières années la plante spécifique des affections inflammatoires et éruptives. On la relègue à tort, de nos jours, parmi les herbes à tisane les plus anodines. Plante adoucissante, diurétique, sudorifique, elle est administrée avec de bons résultats dans les maladies aiguës des voies respiratoires. Le suc exprimé de la plante fraîche, remède classique de la pleurésie et de la pneumonie dans la pratique populaire, provoque une nette poussée de la transpiration et de la diurèse, effet que les préparations à base de plante sèche ne reproduisent qu’atténué. On peut toutefois employer utilement l’infusion des fleurs (qui n’est efficace que concentrée: 15 g par tasse d’eau bouillante) et surtout la décoction de la plante entière, sèche ou fraîche (40 à 50 g par litre d’eau, 3 ou 4 tasses par jour; le dépôt floconneux est normal). On peut la prendre contre la toux d’irritation, dans la bronchite aiguë et comme adjuvant dans les maladies pulmonaires citées plus haut. Cette décoction, associée si possible au thym et à l’épervière piloselle, peut soulager une attaque grippale.La vipérine (Echium vulgare L.), autre borraginacée à fleurs bleues, a des propriétés identiques à celles de la bourrache. Plus répandue que cette dernière à l’état sauvage, elle peut lui être substituée sans inconvénient.Jeune, la bourrache est comestible, cuite à la façon des épinards ou dans les soupes (c’était une plante potagère au XVIIIe siècle). Les fleurs fraîches servaient couramment, autrefois, d’ornement et de condiment de la salade.• 1256; lat. médiév. borrago « bourrue », ou ar. abu rach « père de la sueur »♦ Plante des lieux incultes (borraginacées), à fleurs bleues et dont les feuilles sont utilisées en tisane sudorifique et diurétique. Bourrache officinale. — Cette tisane.bourrachen. f. Plante des régions méditerranéennes (Fam. borraginacées), à poils forts et rêches dont les fleurs bleues sont utilisées, en infusion, notam. comme diurétique.⇒BOURRACHE, subst. fém.A.— BOT. Plante médicinale annuelle, à fleurs bleues, à feuilles velues, de la famille des borraginacées, et ayant des vertus sudorifiques. Bourrache officinale, sirop de bourrache. La bourrache sert à orner les salades; on ne la cultive dans le potager que pour cet usage (A. GRESSENT, Le Potager moderne, 1863, p. 660); malgré l'escudé et les tisanes de bourrache, Marie est toujours malade (GIONO, Colline, 1929, p. 105).B.— Argot1. De la bourrache! ,,Exclamation de l'argot des faubouriens (...) [fondée sur] les propriétés sudorifiques de la borrago officinalis (...) c'est-à-dire : « Tu me fais suer! »`` (A. DELVAU, Dict. de la lang. verte, 1867, p. 134).2. P. méton. Endroit où le voleur transpire beaucoup, d'où Cour d'assises (cf. L. RIGAUD, Dict. de l'arg. mod., 1881, p. 57).Prononc. :[
].
Étymol. ET HIST. — 1256 rouchi bourrace [c + e =, cf. GOSSEN, § 38] (ALDEBRANDIN DE SIENNE, Regime du corps, éd. Landouzy et Pépin, Paris, 1911, p. 46); 1256 bourrache (ID., ibid., p. 164, variante).
Empr. au lat. médiév. borago, borrago attesté dep. le XIe s. (CONSTANTINUS AFRICANUS, Grad., p. 348, 11 dans Mittellat. W. s.v., 1538, 2); le lat. est prob. empr. à l'ar.« père de la sueur » nom donné à cette plante pour ses vertus sudorifiques, devenu
par altération pop. D'apr. Arveiller dans Z. rom. Philol., t. 85, pp. 110-113, la forme bourrache est caractéristique des parlers du Nord (où elle est d'abord relevée sous la graphie bourrace) où elle représente une adaptation du lat. borrago, -age y étant rendu par -ache par confusion habituelle des sourdes et des sonores corresp. (v. GOSSEN, op. cit. et A. Thomas dans sa préf. à l'éd. citée du Regime du corps, p. LXXV).
STAT. — Fréq. abs. littér. :23.BBG. — HOPE 1971, p. 166. — LAMMENS 1890, p. 279. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 218. — SIGURS 1963/64, p. 456.bourrache [buʀaʃ] n. f.ÉTYM. 1256, bourrace; lat. médiéval borrago; arabe sǎbū rādj « le père de la sueur »; P. Guiraud invoque plutôt le lat. médiéval borrago (d'où burrago, burracea), c'est-à-dire « bourrue ».❖1 Plante à grandes fleurs bleues des lieux incultes (Borraginacées), employée en tisane comme sudorifique et diurétique. — Bourrache officinale.1 Terpine ou drosera, ce que tu voudras. Et dans une infusion de bourrache (…) Oui, oui : remède de bonne femme (…)Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 196.2 Moi, j'aime le parfum de la bourrache, affirma la terrible Pellichat. Rien de tel pour les bronches. C'est miraculeux.H. Bosco, Un rameau de la nuit, p. 208.♦ Fausse bourrache : buglosse.➪ tableau Noms de plantes médicinales.2 Tisane de bourrache. || Boire une tasse de bourrache.
Encyclopédie Universelle. 2012.